U Salgetu, village de pierres et de lauzes sous le San Petrone +Ajouté à mon carnetFiche déjà présente

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U Salgetu ne se découvre vraiment aux visiteurs qu’à l’ultime virage d’une route étroite, qui serpente sur les premiers contreforts de la Castagniccia méridionale depuis la vallée de la Casaluna. Un village tourné vers le couchant, formé d’une étonnante et harmonieuse continuité de maisons de pierres, aux toits couverts de lauzes qui, au pied du mythique San Petrone, en dessinent la crête. On a construit haut pour mieux guetter la vallée, à touche-touche aussi pour se regrouper et mieux se défendre.

L’architecture est exceptionnelle. À la fois massive et aérienne. Pénétrer dans le vieux village d’où la circulation a été bannie, franchir les ponts et les voûtes - sottu a loghja -, s’enfoncer dans le cœur de Saliceto fait d’étroites venelles pavées ne fait que renforcer cette impression du beau. Chaque mur a ici son histoire, les deux torrents qui traversent le village, A Casella et U Piracciu, offrant un bruit de fond apaisant.

Car l’eau est partout dans le village, jusque sous le chœur de l’église de l’Annunziata qui enjambe l’une des deux rivières, audace architecturale probablement unique en Corse. La vie coule ainsi sous l’autel en stuc de style baroque, et son meuble de sacristie en bois de belle facture. L’ensemble est en cours de restauration. Fait rare désormais, l’édifice religieux reste ouvert le jour, à la visite comme à la prière.

Mais il suffit d’observer sa façade pour s’apercevoir que l’histoire d’U Salgetu est riche, comme celle du Rustinu et de la Castagniccia. La pierre dont on construit les tours devenues maisons, ou les lieux de culte en témoigne. Celle d’un menhir sert de pilier à l’une des portes de l’église. Celles, travaillées, des niches et linteaux qui ornent les maisons d’« I caporali », familles dominantes de l’époque, constituent le livre ouvert d’une vie sociale très ancienne, certains de ces murs remontant au milieu du XVe siècle.

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Saliceto, dont le nom vient comme toujours dans l’île du saule - salge - qui borde les cours d’eau, est ainsi le village natal de Christophe Saliceti, député de la Convention nationale qui vota la mort du roi, fut dans l’île le soutien puis l’opposant de Pasquale Paoli, le proche voisin de Morosaglia, et mit enfin le pied à l’étrier à Napoléon Bonaparte en lui confiant le commandement de l’artillerie durant le siège de Toulon en 1792 face aux alliés de la coalition anglo-napolitaine qui contestaient la jeune République.

Cette bataille fit du capitaine d’artillerie un général de brigade, et ouvrit sa marche triomphante vers la campagne d’Italie, puis sa montée au pinacle de l’Empire. Saliceti en fut récompensé plus tard en devenant ministre de la Police de Joseph Bonaparte, roi de Naples et frère de Napoléon.

Si loin d’U Salgetu pourtant qui cultive certes son passé, mais vit aussi dans le présent.  La culture de la châtaigne dont attestent les ruines d’un moulin visible le long du cours d’eau, a vécu. Mais, dans les caves du village, s’affinent prizutti, lonzi, coppe, salciccie affinés avec patience à l’air de la Castagniccia. Éleveurs, charcutiers, bergers ont pris la relève.

À 762 mètres d’altitude, l’hiver peut être rude. Mais le souffle frais et sain tout droit descendu du San Petrone est vivifiant l’été. Le soir venu, la place du village s’anime des parties de cartes enflammées.

La piscine municipale, l’une des premières creusées dans la région, reste ce lieu de rencontre et de vie pour les Salgitinchi, et les habitants des villages environnants, San Lorenzo, Gavignano, Castineta.

Au pied d’A Teppa, d’où un spectaculaire « Kong » de granite veille, le temps s’écoule ainsi avec douceur.

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Au pied du San Petrone

U Salgetu est situé dans le Rustinu, sur le versant méridional de la Castagnicca, que domine le San Petrone du haut de ses 1767 mètres. Parvenu à son sommet, un panorama exceptionnel s’offre au randonneur. On peut y apercevoir l’Italie et la Toscane qui ne sont pas si lointaines. Le parcours le plus praticable pour les familles est accessible depuis a Bocca di u Pratu. De Saliceto partent d’autres sentiers, plus sportifs qui feront le bonheur des traileurs.

Mais le village et sa piscine ouverte à tous reste un lieu de réconfort, pour le retour des randonnées. On peut s’y baigner, s’y rafraîchir, s’y restaurer aussi dans une ambiance là aussi très conviviale. 

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Sous l’œil de Kong

Roccapina a son lion. Saliceto son gorille. Le village a été construit, au fil des siècles, au pied d’une spectaculaire falaise, A Teppa, un univers minéral qui tranche avec le décor verdoyant et boisé dans lequel il s’insère.

Sculpté par le temps dans la falaise, « Kong » veille ainsi sur la tranquillité des Salgitinchi.

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De Colomba à Paoli

Dans le proche voisinage d’U Salgetu, le village de Castinetu présente, lui aussi, une architecture exceptionnelle, typique du Rustinu. Il a servi de cadre au début des années 2000 au tournage d’un téléfilm du FR3 de l’époque, Colomba, œuvre majeure de Prosper Mérimée sur le thème de la vendetta qui a, ici, les traits d’une héroïne. L’ambiance a changé, mais le décor est intact. Il a été préféré à celui de Fozzà, village du Vighjanu où l’on peut voir la tombe de Colomba.

Depuis U Salgetu, Castinetu est sur la route de  Merusaglia, village du Babbu di a patria, Pasquale Paoli, où la maison natale abrite le musée qui lui est dédié et la chapelle où ont été déposées ses cendres, après leur retour de Londres en 1889, expédition conduite par le chanoine Saliceti. On y revient toujours.