Par Anne le 26/10/2022
Un peu d'histoire
La construction du phare, l’un des derniers à avoir été bâti sur le littoral corse, fait suite à un terrible naufrage survenu le 17 avril 1887. Faisant route vers Marseille, un beau vapeur anglais de 122 mètres, le Tasmania, avec à son bord 144 passagers et 166 hommes d’équipage s’échoue violemment sur les récifs des Moines. Alors que la tempête fait rage, aux alentours de 4 heures du matin, les chaloupes sont mises à l’eau. Trente-trois victimes seront à déplorer, toutes membres de l’équipage, parmi lesquelles le capitaine et deux de ses adjoints. Une histoire tragique, liée à la vie de cette étonnante bâtisse à deux tours, qu’il est de nos jours possible de lire en détail dans le petit musée installé dans le corps principal du bâtiment.
Aujourd’hui, la lampe est automatique, les gardiens de phare ont été remplacés par les gardiens du littoral. Des hommes et des femmes impliqués dans la préservation et la sauvegarde des quelque vingt kilomètres de côtes sauvages qui s’étendent de Campumoru ( Campomoro) à Tizzano. Sur les sentiers ou dans la salle commune, les randonneurs, les promeneurs ou les familles en quête d’évasion et de liberté pourront rencontrer ces passionnés et tendre une oreille attentive. Car la meilleure façon de découvrir les lieux et son histoire est de se les faire conter par le gardien, à l’heure où le soleil cherche à se cacher à l’horizon, peignant les roches et les tourelles d’un rouge orangé.
Prendre le temps d’écouter et dormir sur place pour s’imprégner de cette ambiance maritime. Le phare est devenu un gîte ouvert au public, composé de quelques chambres et d’un dortoir. Une solution ludique et vertueuse pour assurer sa sauvegarde. Pour s’y rendre, il faudra marcher bien entendu, plus ou moins longtemps suivant le point de départ de la balade.
Le long des sentiers, des criques sauvages que des millions d’années d’érosion ont façonnées pour nous laisser découvrir des formes géométriques surprenantes permettent de faire la pause. Parfois, dans les eaux cristallines aux nuances de bleu et de vert, se trouve, au milieu des navires de plaisance, un bateau de pêche. Les enfants de ces rivages, devenus aujourd’hui pêcheurs pour certains d’entre eux, continuent à venir admirer ces trésors de la nature le temps de démailler leurs filets. D’autres bâtisses se cachent dans le maquis et sur les promontoires rocheux, traces d’une riche histoire pastorale et militaire liée à la mer et à ces criques creusées dans le littoral. Non loin du phare, se trouve la tour génoise de Senetosa , un endroit incontournable de la balade offrant un point de vue imprenable sur les alentours et permettant de mettre en scène dans l’imaginaire, l’une des surprenantes histoires des gardiens sur les bandits d’honneur.
Depuis le port de Propriano, des compagnies de promenade en mer proposent de découvrir les côtes sauvages jusqu’aux criques de Tizzano. Une balade en musique, commentée, marquée par une longue pose sur la plage de Tivella à l’heure du déjeuner. De là, il est possible de rejoindre le phare de Senetosa au nord ou bien d’autres criques plus au sud. Salades et grillades sur le pont avant de revenir en longeant la côte en fin d’après-midi.
En prenant la direction du phare de Senetosa depuis Campomoro par le sentier du littoral, le randonneur pourra quelques fois s’aventurer dans les terres pour découvrir les vestiges d’une économie aujourd’hui disparue. Des maisonnettes, des bergeries et des ruines de bâtisses spécifiques, comme la casa d’Ana, composée d’une rampe permettant aux ânes de tirer les marchandises débarquées des navires jusqu’au premier étage. Les informations liées à la randonnée sont disponibles dans les offices de tourisme.
Depuis l’aérodrome de Tavaria, à Propriano, il est possible de partir observer la côte sauvage de Senetosa par les airs dans un autogire . Un ULM proche de l’hélicoptère qui permet d’admirer au plus près les richesses de ce patrimoine naturel. Depuis le ciel, la vision est toute autre, les contrastes des criques sont saisissants, les nuances de bleu magnifiques. C’est en prenant de la hauteur que l’on s’aperçoit réellement à quel point ce littoral est préservé. Seul le phare se détache dans cette nature sauvage.